Description du projet :
Programme d’activités physiques conçu spécifiquement pour être réalisé par des élèves aveugles et malvoyants âgés entre 4 et 19 ans.
Pour maximiser nos chances de réussite dans la mise en place de ce programme, nous prévoyons intégrer les conclusions des plus récentes recherches en matière d’adoption d’un nouveau mode de vie soit :
1- sensibiliser les jeunes à la problématique de la sédentarité, développer la motivation à changer la situation et les intégrer au processus de décision;
2- déterminer les objectifs à atteindre pour changer nos comportements de passivité et trouver ensemble les moyens pour les atteindre, un à la fois;
3- revenir sur nos actions, nous réjouir de nos efforts et de nos progrès, vivre des succès;
4- augmenter les attentes, poursuivre notre lancée en planifiant de nouveaux objectifs;
5- récompenser nos efforts et valoriser nos nouveaux comportements, se féliciter.
Pour atteindre les objectifs du programme, nous garderons en mémoire qu’il est impératif d’associer les jeunes au choix d’activités physiques à privilégier, d’identifier des activités qui tiennent compte des intérêts variés des jeunes et surtout de cibler avec eux des activités adaptées à leurs capacités motrices et visuelles. De plus, de courtes périodes d’activités physiques seront mises à l’horaire de la journée scolaire pour amorcer notre lancée. Ce programme veut proposer aux jeunes de pratiquer des activités physiques adaptées qui s’intègrent harmonieusement à leur vie quotidienne et qui misent sur le jeu et le plaisir d’être actif ensemble de façon à ce que ces activités deviennent partie intégrante de leur réalité quotidienne. Il désire assurer la mise en place d’un programme d’initiation à l’utilisation du vélo tandem et du vélo conventionnel, et ce, dans le but d’offrir à ces jeunes enfants aveugles ou malvoyants l’opportunité de développer, comme tous les autres enfants de leur âge, de saines habitudes de vie. De plus, ce projet cherche dans un avenir rapproché à inscrire les élèves, leurs parents et leurs enseignants à des activités sportives de groupe par exemple : le « Vélo en liberté » au Lac St-Jean, ou le « Tour de l’île » de Montréal, deux activités cyclistes réputées. Ces événements rassembleurs seraient répétés en alternance et serviraient dans un premier temps à mettre en place un réseau d’accompagnateurs pour faire de l’exercice avec les élèves aveugles ou malvoyants et aussi d’élément motivateur puissant pour inciter les jeunes à maintenir leur entraînement physique. Pour élaborer notre programme adapté d’activités, nous avons suivi les recommandations du « Guide pédagogique d’activité physique pour les enfants du Canada », c’est-à-dire :
1- augmenter de 30 minutes par jour le temps consacré aux activités physiques;
2- réduire de 30 minutes le temps consacré aux activités comme regarder la télévision, naviguer sur internet et jouer à des jeux vidéo ou d’ordinateur.
Cette hausse de l’activité physique devrait inclure des activités modérées par exemple : marcher, nager, pédaler, patiner, etc., et des exercices vigoureux comme courir ou jouer au soccer.
Pour y arriver, nous allons rédiger avec les élèves une liste de toutes les activités physiques qu’ils ont déjà effectuées. Puis, nous devrons noter les difficultés rencontrées lors de la pratique de chacune de ces activités pour ultimement tenter de les aplanir. Ensuite, nous allons noter le temps et l’équipement requis pour pratiquer cette activité. Après, nous indiquerons le temps que nous passons à faire nos autres activités (activités plus passives).
Finalement, nous effectuerons un relevé chiffré de toutes nos activités pendant cinq journées scolaires et transposerons ces données sur le tableau de la classe. Ainsi, nous aurons la mesure de base qui servira à l’évaluation de nos progrès. Les enseignants, le personnel d’encadrement et de soutien participeront eux aussi à la collecte de données et leurs résultats seront inscrits au tableau, tout comme ceux des enfants.
Il ne restera qu’à fixer le défi qui en sera un de groupe. Ce défi sera fixé en fonction du niveau de base qui est, selon notre évaluation, très faible. En effet, peu d’élèves participent à des activités, et ce, pour toutes sortes de raisons : absence de vision, défi trop grand, crainte devant l’inconnu, manque de confiance, inquiétude des parents, risque de blessure, matériel non adapté, absence d’offres de services, besoin d’accompagnement souvent individuel pour faire l’activité… Il consistera à encourager chaque enfant à augmenter d’au moins 30 minutes par jour sa période d’activité physique et du même coup de réduire d’au moins 30 minutes par jour son temps d’inactivité. Une fois la routine installée, les enfants devront s’engager à être actifs pendant quelques minutes supplémentaires à chaque mois.
Activités modérées : Voici quelques activités qui seront proposées aux élèves lors des moments de récréation, de la période après le repas ou encore dans le cadre des activités parascolaires. Ces activités seront adaptées à la faible vision ou encore à la cécité totale de nos élèves. De plus, elles tiendront compte des difficultés motrices des jeunes et du fait que certains élèves se déplacent en fauteuil roulant et doivent être accompagnés dans la pratique d’activités.
Jouer à la tag, parties de hockey balle, saut à la corde, glisser en traîneau, pelleter la neige, club de marche, natation à la piscine de l’école, jeux de frisbee pour les malvoyants, danse, partie de goalball avec ballon sonore, planche à roulettes en position assise, jeux de cerceaux, etc.
Exercices vigoureux : La réalisation d’exercices vigoureux comme le soccer et la course est très difficile à actualiser parce que nos élèves voient peu ou pas du tout et que la pratique d’activités extérieures demeure parfois hasardeuse. Pour compenser, nous pensons utiliser des tapis roulants et des bicyclettes stationnaires que nous ne possédons pas encore…
Un projet rassembleur : Comme incitatif à aller de l’avant et à persévérer dans l’action, la mise en place d’un projet rassembleur, point culminant des six premiers mois du programme, constitue un atout de taille! Ce projet vise l’inscription et la participation des jeunes élèves à un événement cycliste d’importance où chacun d’entre eux sera accompagné par un adulte de sa famille, de son école ou de la communauté cycliste du Québec. Cet événement est très important pour nous, car il met en place des structures favorisant la valorisation et la poursuite de l’entraînement physique dans le but d’atteindre un objectif commun. Cet événement leur permettra de réaliser qu’ils sont et seront capables de poursuivre ce type d’exercices une fois sortis du milieu scolaire.
Selon nous, la mise en place dès maintenant d’un réseau de soutien pour pratiquer le vélo individuel accompagné ou le vélo en tandem semble un moyen très prometteur de tracer les jalons d’une réussite. Un enfant encouragé par un adulte est motivé à progresser. Il se sent important et son estime de lui-même s’en trouve augmentée. L’initiation à l’utilisation du vélo débutera dès la maternelle sur des tricycles adaptés, puis sur des vélos avec des roues d’appoint pour assurer l’équilibre et finalement sur le vélo en tandem. Les jeunes porteront des casques protecteurs et un trajet vélo sera tracé dans la cour de l’école de façon à assurer la sécurité des jeunes cyclistes en apprentissage.
Dans le programme micro gradué adapté pour nos élèves, des exercices d’endurance qui permettent d’accroître l’efficacité du cœur, des poumons et du système circulatoire seront planifiés. Des exercices d’assouplissement, d’étirement et de traction favorisant la détente musculaire et l’assouplissement des articulations seront aussi prévus. Finalement, pour améliorer la posture souvent inadéquate de nos élèves, des exercices de musculation qui renforcent les muscles seront proposés. Ce programme sera repris l’année suivante en tenant compte des ajustements souhaités après la première année de fonctionnement.
Voici en gros à quoi ressemble la progression souhaitée : résumé des informations contenues dans le Guide pédagogique d’activité physique pour les enfants du Canada[1]
Description de la clientèle cible (groupe d’âge, nombre d’enfants qui profiteront du projet,
situation socio-économique) :
Voir annexes A, B, C pour élèves par groupe d’âge. À ces élèves, il faut ajouter ceux qui sont suivis dans leur école de quartier et qui profiteront du programme. Ils auront aussi accès à l’utilisation du matériel (vélos tandem, tricycles, vélos stationnaires) pendant les vacances scolaires.
Expliquer en quoi ce projet comble un besoin prioritaire pour les jeunes de votre communauté :
Les jeunes élèves aveugles et malvoyants sont très sédentaires parce qu’il est difficile pour eux de trouver des activités adaptées à leurs limitations sensorielles et souvent motrices. De fait, ils ressentent un grand sentiment d’insécurité lorsqu’ils sont confrontés à la pratique d’activités physiques. Pour arriver à faire des activités, ils ont généralement besoin d’accompagnement, ce que le milieu familial ou communautaire n’arrive pas toujours à assumer. Aussi, un sondage réalisé auprès des jeunes aveugles et malvoyants révèle que la majorité d’entre eux ne pratique pas d’activités physiques modérées ou d’exercices vigoureux. La marche lente et les jeux calmes demeurent le lot de la majorité de nos élèves. Il n’en demeure pas moins essentiel pour eux de pratiquer des activités physiques puisque celles-ci sont essentielles à leur développement et que l’activité physique pratiquée régulièrement au cours de l’enfance développe la capacité cardiovasculaire, la force, la souplesse et la densité osseuse. Ces formes d’activités aident aussi à maintenir un poids corporel sain et favorise le développement de saines habitudes de vie.
Description de l’impact de ce projet sur la qualité de vie des enfants et de la méthode d’évaluation des résultats :
Impact : Selon les données des plus récentes recherches sur le bien-être et la santé, la contribution d’un programme d’exercices physiques s’évalue, non seulement en terme de prévention ou de réduction de maladies ou de blessures, mais aussi en tenant compte de l’impact que ce mode de vie génère sur l’amélioration de la qualité de la vie. De fait, les personnes actives sont généralement plus soucieuses de leur santé et de la qualité de leur vie et elles prennent grand soin de leur alimentation. La pratique régulière d’activités physiques facilite l’apprentissage de la vie en société. Elle permet de vivre avec d’autres des expériences heureuses, de s’affirmer, de se valoriser, de s’intégrer au sein d’un groupe, de se sentir utile et accepté. Elle contribue au bien-être et à la réalisation de soi.
Évaluation : À partir de la compilation du relevé des activités physiques effectuées par les élèves sur une période d’une semaine d’école (5 journées consécutives) incluant les activités faites en soirée, un point de départ est établi. À la fin de chacune des semaines du calendrier scolaire, une nouvelle compilation des données est réalisée. La progression ainsi colligée permet de noter les progrès des élèves et de réajuster les exigences du programme si besoin est…
Il est évident que ce programme est expérimental et que la progression des difficultés a été établie de manière quelque peu arbitraire puisque nous n’avons pas trouvé de données de recherches à ce sujet. De fait, certaines variables pourraient inciter le milieu à réajuster ses attentes en fonction des capacités réelles des élèves.
Nombre de personnes rémunérées qui sont affectées au projet et leur rôle :
Nous souhaiterions pouvoir compter sur l’expertise et le soutien d’un animateur physique à raison de 10 heures par semaine pour la supervision de la mise en place du programme d’activités. Nous apprécierions aussi bénéficier de l’expertise d’une personne compétente pour adapter les activités aux capacités et besoins spécifiques de nos élèves handicapés à raison de 5 heures par semaine. De plus, nous aimerions le soutien d’une personne ressource à raison de 5 heures par semaine pour nous aider à analyser les résultats du programme et pour baliser les ajustements à effectuer serait pour nous un atout de taille. Bref, 20 heures par semaine de soutien constitueraient une ressource appréciable.
Nombre de bénévoles affectés au projet et leur rôle :
Tous les intervenants de l’école (+ ou – 50 personnes selon les moments de la semaine) vont bénévolement investir du temps pour mettre en place le programme adapté d’activités physiques dans l’école et vont comptabiliser les temps consacrés par les élèves et leurs intervenants à l’activité physique. De plus, ils participeront à la mise en place des activités sur les temps de pause et sur l’heure du midi. Ils motiveront aussi les élèves et assureront avec eux le suivi de leur progression.
Certains enseignants ou intervenants de l’école vont, de plus, bénévolement accompagner les élèves lors des événements rassembleurs comme le « Vélo en liberté » ou « le Tour de l’île ». Ce programme, d’une durée initiale de deux années, sera ultérieurement repris et à ce moment, de nouveaux événements rassembleurs seront planifiés et pris en compte par le réseau que nous aurons ensemble mis en place.
RÉFÉRENCES :
Guide d’activité physique canadien pour les jeunes (de 10 à 14 ans)/gouvernement du Canada
Guide d’activité physique canadien pour les enfants (de 6 à 9 ans)/gouvernement du Canada
[1] Guide pédagogique d’activité physique pour les enfants du Canada.